Pascal Mazaud: sa voix fait tourner les fêtes à Angoulême

Sa tête ne vous dit rien, mais sa voix vous est familière. Alors, il fallait percer le mystère de ce ton posé, monocorde, à la diction élégante tirant parfois sur quelques accents précieux.

«Ah bon, c'est pas une voix de fille ?!», s'exclame une collègue de bureau, surprise qu'un certain Pascal Mazaud se cache derrière les haut-parleurs égrenant le programme des animations de la ville comme celui du Festival de la BD ou des Gastronomades.

Non pas que cet ancien des radios libres ruffécoises ou Radio Marguerite ait une voix féminine. C'est juste que les badauds ne font pas toujours très attention au son qui berce leurs courses de Noël. «Les gens se rendent compte qu'il manque quelque chose quand on ne m'entend pas», s'amuse celui qui s'est aussi fait les cordes avec l'animation de feu Ludoland.

«L'an dernier, le marché de Noël de La Rochefoucauld avait choisi d'arrêter notre contrat juste après le 25 décembre, pour des raisons budgétaires. Sans musique et sans programme, les gens trouvaient que c'était mort.»

Une impression confirmée par exemple lors du Festival du film francophone fin août. Contrairement aux autres, le dernier-né des festivals n'annonce pas son casting et ses films dans les haut-parleurs de la ville. Un vrai manque.

«Allumer la ville»

Dans un jargon technico-poétique bien senti, l'associé Christophe Talès résume leur mission: «On est chargé d'allumer la ville.»

Avec Francis Dumont, les deux complices ont fondé il y a cinq ans, leur petite entreprise, DMT, installée au fond de la zone de la Croix-Blanche à Soyaux (1). Là-bas, une série d'engins sonores attend sagement son tour pour annoncer la spécialité d'un petit producteur de la foire d'Aigre comme l'arrivée d'Art Spiegelman. Juste à côté, une petite pièce renferme une console chargée d'enregistrer la voix de Pascal Mazaud, entrecoupée de musiques d'ambiance allant des derniers tubes du moment à Mon beau sapin par les chœurs de l'Armée rouge (!).

«Pour les fêtes de fin d'année, la ville nous donne le programme des différents événements. On l'annonce tous les quarts d'heure avec la voix de Pascal. C'est une boucle de onze heures, que l'on peut vite modifier en cas de changement dans le programme», précise Christophe Talès.

Pour cette période, Pascal Mazaud ne se balade donc pas avec un micro dans la ville. Au contraire des Gastronomades, par exemple. «Là, c'est un peu différent, on peut faire des petites interviews du public, assister aux joutes culinaires, par exemple.» Dans un mois, c'est un tout autre rythme qui attend Pascal Mazaud et sa bande (son).

Parce que le Festival de la BD se fait, lui, en direct, avec un programme très copieux à annoncer et des modifications qui peuvent intervenir à tout moment. «On aménage un petit studio dans l'Espace Franquin.» Pendant quatre jours, Pascal Mazaud «ne voit pas la lumière». Le prix à payer pour allumer la ville de sa voix.